Chasseur de légendes 71
Journal de bord d'un chasseur de légendes
Chapitre 71
Qui sait ?
Serait une référence à la nouvelle fantastique
de Guy de Maupassant ? Il y a des endroits ou
l'on a l'impression que le temps s'est emmélé les
aiguilles, on traverse un parc du Romantisme et l'on
se retrouve dans une résidence des années 60, passé
le centre commercial de la fin du XXème Siècle, on
se retrouve dans une sorte de désert de l'Age de
Pierre, il y a bien des lieux comme ça, je le conçoit,
il faut tout de même s'armer d'une bonne dose
d'imagination avant de franchir le pas, afin de ne
pas se laisser miner par la morosité du
quotidien, suivez le guide !
Après avoir traversé la ville de Saint Prix dans
toute sa largeur, me voici à Eaubonne, ville du
Val d'Oise peuplée de 23 000 habitants et dont
j'avais déjà parlé lors d'un précédent article
(qui doit remonter à deux ans), c'est l'endroit
idéal pour passer d'une époque à l'autre. On
commence par le parc du Val Joli, le soleil
vient de se lever, il est environ 8h30 quand
j'arrive en ces lieux.
Une très belle demeure et son colombier
m'attends, blotti au fond de son écrin de
verdure, le château du Val Joli n'est pas bien
grand mais il en impose, on se croirait à
Sceaux, la grandiloquence en moins. Mais la
route est encore longue et il est déjà temps
de passer à l'étape suivante après avoir
traversé un rond-point très fréquenté, le
château de la Chesnaie.
Bien emmitouflé derrière ses grilles, ses haies
et ses murs, le château de la Chesnaie est
presque invisible à moins de s'aventurer dans
son potager situé en face, avec ce décors un
peu champêtre et ce vaisseau blanc de style Louis
XV, c'est à nouveau dans le passé que nous sommes
projetés, ça chamboule un peu j'avais prévenu.
Par contre, les époques semblent parfois se
mélanger lorsque l'on regarde cette emblématique
immeuble servant de point de repère dans le ciel
Eaubonnais... qu'a t'il donc de si spécial ? Regardez
cette horloge en son sommet, il a des allures de
béffroi mais moderne. Ce n'est pas trop dans mes
goûts mais le contraste est interessant, surtout
qu'il y en a d'autres à déccouvrir.
Plus loin sur la même avenue (c'est dire si les
curiosités architecturales pullulent sur cette
route), il y a le château des Cèdres, magnifique
batiment dans un style très XIXème, un témoignage
du Romantisme avec son petit jardin à l'entrée, il
n'est pas difficile à trouver et si l'on ne prète
pas attention à toute l'agitation qui se trame dans
notre dos, nous avons pendant quelques
secondes, l'impression de remonter le temps.
Mais à peine a t'on fini de contempler l'édifice
que l'on remarque l'ombre inquiétante qui se
profile derrière les arbres, hop terminé les
flâneries d'un autre temps, aujourd'hui tout doit
aller vite, tout doit être toujours plus haut, en
témoignent les immeubles des quartiers Jean
Jacques Rousseau et Mont d'Eaubonne. Le petit
château des Cèdres semble écrasé par la masse
de 48 m de haut des tours Chesnier et Mirabeau,
de la finesse on passe à la brutalité.
On arrive en bordure du centre commercial,
aux portes de Soisy sous Montmorency, la ville
voisine, tiens d'ailleurs pourquoi ne pas avancer
dans cette direction, histoire de revoir le parc de
Vallombreuse. Le McDo est bien implanté, mais
ce caillou en forme de menhir, lui semble perdu. Se
pourrait il qu'un alignement ancestral soit rescapé
de cet urbanisation ? On pourrait le croire mais
ne cherchez pas plus loin, ces pierres sont tout
simplement là pour empêcher les stations génants.
On avance est on sait que l'on s'approche de
Vallombreuse, en témoigne ce calvaire d'un autre
âge près de la départementale. Enfin disons qu'il
semble d'une autre époque mais on s'approchant
de plus près, on voit bien que le gaillard n'est pas si
ancien, un mélange des temps et des périodes à
nouveau, un peu comme la tour et son béffroi.
Le parc de Vallombreuse est un petit bout de
terrain ayant la particularité d'être très boisé,
il est facile d'en faire le tour, le traverser prendra
moins de 5 min, mais la concentration d'arbre
permet de cacher la faune urbaine, du coup on se
sent presque partir dans une forêt profonde,
peuplée de loups et de créatures merveilleuses,
ne rêvez pas trop non plus, on en sort vite.
Par contre, le spectacle n'est pas déplaisant
à la sortie, un bassin, une église d'aspect
modeste, quelques maisons d'aspect vieillot, on
aurait presque du mal à se croire dans une ville
de 16 000 habitants. Le temps de contourner le
bassin est hop nous voilà attirés par les saints.
En voilà un qui veille sur sa paroisse et sur sa
ville, il inspecte la petite place devant l'église,
surveillerait il les fidèles se rendant sur le lieu
de culte. Mais l'heure tourne et j'ai encore des
tas de choses à voir sur Eaubonne, il faut
rebrousser chemin, quitte à réemprunter le
parc de Vallombreuse. Un nuage vient de voiler
la clarté du soleil et le sous-bois prends un
aspect des plus inquiétants.
Prochaine étape, le château Philipson, il faut
prendre la rue de Soisy et longer les résidences
du Mont d'Eaubonne. Derrière sa grille, la villa
Saint Lambert attends sagement d'être remarquée,
car oui c'est bien cette grosse maison qui a été
surnomée château de Philipson, l'architecture plus
raffinée que celle des HLM voisins laisent une
curieuse impression, regardez par vous même.
Décidément, nous sommes au XXIème siècle
et nous ne cessons d'être happés vers le
passé en admirant ces constructions pour le
moins curieuses. Nous sommes désormais
dans la résidence du Bois Jacques, juste à
côté de la villa, rien de bien folichon, à part les
écuries coincées entre des barres d'immeubles,
un parking et une rue fréquentée par des
passants pressés et des automobiles distraites.
Il faut avouer que les toitures de écuries
se remarquent assez facilement dans le
quartier, mais je parle, je cause, et le
centre-ville nous attends, surtout son
lavoir, restauré il y a peu.
Joli lavoir d'ailleurs, une miette du passé, remise
au goût du jour pour le bonheur des curieux, mais
d'ailleurs que vois je ? Oui cette flèche là derrière,
c'est celle de l'église Sainte Marie, pas la plus
belle de toutes mais déjà plus sympathique que
la moderne Notre Dame donnant sur le rond-point
du château. Il parait que le peintre Maurice Utrillo
s'en serait inspiré pour l'une de ses toiles.
Traversons à présent ce bassin de cailloux blancs
grâce à ce petit pont et dirigeons nous vers le
marché faisant face à la bibliothèque municipale,
des batiments que l'on remarque et c'est fou
comme le marché fait dépassé en regardant
l'hotel de ville, jugez par vous même.
Les arbres dénudés par la saison hivernale
confèrent un charme tout particulier au marché
communale contrairement à la mairie figée dans
une modernité finalement plus archaique que
le plus vieux château de la cité.
Bougeons un peu de la grande place à présent
et longeons la galerie d'art pour arriver devant
la villa Mézières, le château d'Eaubonne, qui
fût d'ailleurs l'ancienne mairie de la ville. La
demeure aurait dû conserver son titre mais il en
fût tout autre. Elle reste nénmoins l'un des plus
joli édifice d'Eaubonne, son petit parc et son
club de pétanque aidant un peu pour cela.
Pas question de refaire un inventaire des
plus belles demeures des quartiers jouxtant
la gare d'Ermont-Eaubonne, il n'est pas l'heure
de faire dans la redite, par contre un passage
vers le Petit Château que l'on doit à l'architecte
Ledoux me semble des plus appropriés. Bon ce
jour là il ne faisait pas très beau, aussi ai je
préféré ressortir une vieille photo plus ensoleillé
car l'actuelle CPAM du canton ressemble à s'y
méprendre à un temple romain, tout le choix
d'un cliché sous le soleil.
Les dalles, la petite fontaine, les cyprès,
les colonnes, le chapitau, amned nous voilà
revenu au temps des romains, encore un voyage
dans le temps surprenant... pourtant il y a ce
garde-fou, ces carreaux, ces affiches, non non
pas de doute nous sommes bien au XXIème
siècle, mais on croirait que l'espace-temps se
soit mélangés les pinceaux, un peu comme au
château de Versailles, mais je conterai ce
mystère une autre fois, pour l'heure, on
pourrait presque entendre la Plèbe s'écrier à
l'intérieur, histoire de ce fair entendre des
marchands s'égossillant de plus belle au
dehors, les gladiateurs, les esclaves, les
citoyens, la Rome Antique n'est finalement
pas si différente de notre époque.
Et puis vient le clou du spectacle avec
cet immeuble tout proche de la gare, sa
façade semble surréaliste tellement les
courbes s'y entortillent, les barreaux, les
balcons, les fenêtres, ça m'a fait d'emblée
songer aux palais des mirages au Musée
Grévin. De plus, son apparence lui confère un
aspect plus agé que ses deux voisins, une
sorte de passage temporel, un lieu illusoire
qui aurait échappé aux affres de l'urbanisation
à outrance. Qui sait peut être est il hanté, on
pourrait se plaire à y croire.
Mais depuis le début, je n'essaye qu'une seule
chose, vous faire croire, car ici pas de fantôme,
de trésor, de monstre ou autre, juste quelques
batiments d'un autre temps dans une ville de
notre ère. Alors certes, il faut avoir l'imagination
fertile, mais qui sait ? Qui sait si tel ou tel château
n'abrite pas un étrange secret ? Qui sait si quelque
étrange phénomène ne se serait pas produit dans
l'un de ces parcs ou l'un de ces immeubles, qui sait ?