Chasseur de légendes 63
Journal de bord d'un chasseur de légendes
Chapitre 63
Pierres philosophales
Après avoir visité le Magicien d'Oz à Provins, il est
temps de nous attaquer à la face obscure de la cité
médiévale, une ville ayant abrité un lourd passé, bien
tapi derrière ces murailles ancestrales qui nous
guettent et nous défient depuis des siècles. Petite
introspection dans le Provins de l'occulte.
Déjà en franchissant les épais remparts, on n'est
plus sûr de ce qui nous attends, la ville étant
très ancienne et son patrimoine étant d'une
richesse rare, on peut s'attendre à voir monts
et merveilles et les mystères qui vont avec.
L'iconographie fantastique de Provins est déjà
un premier pas dans le fantastique, avant 1767, on
arborait à la procession des Rotogations, un dragon
ailé et un lézard géant, on raconte que ces deux
créatures avait en partie détruit la ville dans le passé.
Cette coutume remonte aux origines du christianisme
dans la ville, après la conversion des romains au
monothéisme, car ces derniers avant cela, avait pour
coutume d'arborer un dragon ou une autre créature
symbolique pour désigner chaque cohorte et chaque
centurie, nous sommes à ce moment là à l'apogée de
l'empire Romain et Provins existait déjà. Perçue par
les légions comme un poste stratégique grâce à ce
rocher calcaire d'ou on pouvait voir venir l'ennemi de
loin, idée reprise au Moyen-Age d'ou la construction
du château-fort.
Provins est une cité qui baigne dans l'ésotérisme et
le mysticisme religieux, si les remparts sont l'oeuvre
de Thibault IV, la collégiale Saint Quiriace, elle, est
de Henri le Libéral, fondée en 1160 sur le site d'un
ancien temple, celui d'Isis. Le seigneur s'était juré
d'honorer les mémoires d'un des évêques de
Jérusalem. Des reliques sacrées ont été apportées
en ces lieux venues la cité sainte, ce qui valu
à Provins le surnom de Petite Jérusalem.
Saint Quiriace avait révélé à Sainte Hélène, la
mère de l'empereur Constantin, l'emplacement
secret des trois grandes croix dont parmis elles,
celle qu'avait porté Jésus-Christ. C'est donc dans
l'émotion que nous avons pénétré la collégiale mes
amis et moi, il règne toujours un calme sacré dans
les édifices religieux. Une sorte de sérénité impregne
les lieux, j'ai pour ma part commencer au jeu des
fouilles, peut être qu'une relique se trouve en
sous-sol, dans le caveau, mais je n'ai pu y accéder.
L'histoire des reliques de Jérusalem avait aussi
en son temps attiré l'Ordre du Temple, alors tout
puissant, trop puisque les templiers seront traqués
et dispersés afin d'amoindrir leur pouvoirs et
leur richesses qui commençaient à inquiéter
sérieusement l'église catholique et la couronne.
De là à dire que Provins renferme quelques uns
des trésors du Temple, il n'y a qu'un pas que je
me garderai de franchir.
Surtout que la ville n'a pas besoin de ce surplus
financier encombrant et génant, la ville était aux
XIIème et XIIIème siècles, l'une des cités les
plus importantes et puissantes d'Europe, notamment
grâce à sa foire qui lui assurait richesse et prospérité.
Les tissus et les victuailles de Provins étaient alors
reconnues dans tout le monde occidental, il n'y avait
que très peu de villes sur le vieux continent qui
accueillaient de telles manifestations, comble de
chance, la France en possédait quatre, ce qui
valu au royaume une renommée mondiale.
Forcément, les templiers et les saints n'était pas les
seuls interessés par cette ville, les franc-maçons y avait
aussi élu domicile, l'ancienne abbaye était leur quartier
général et leur influence incontestable. Jusqu'au jour
ou eux aussi n'eurent plus le droit de se montrer au
grand jour, ils dûrent tenir des réunions et des
cérémonies secretes pour pérpétrer leur art
et leurs connaissances occultes.
Nous avons pu visiter les souterrains et voir une
salle qui servait de lieu initatique pour prétendre
appartenir à la franc-maçonnerie, il fallait en effet
passer toute une nuit dans ces sombres couloirs pour
en ressortir grandit au petit matin. Comme si cela
ne suffisait pas, les murs étaient peints en noir afin
d'alourdir un peu plus l'atmosphère. J'eu un petit
frisson, on devait devenir fou là dedans.
Nul doute que bon nombre d'adeptes des sciences
occultes, se sont lancé dans diverses expériences
afin de lever le secret de la Pierre Philosophale, si
toutefois il n'en existe qu'une, et se lançant ainsi
sur les traces de l'alchimiste Nicolas Flamel.
Des reliques, des templiers, des franc-maçons,
des occultistes, voir même des alchimistes, il ne
manquerait plus que les miracles.
Miracle, il y en a eu, notament concernant cette eau
thermale que le petit peuple de l'antique cité qualifiait
de miraculeuse, elle servait à soigner les anémies et les
maladies du foie jusqu'au XIXème siècle. On disait que
cette eau avait la senteur de la rose, et si cette eau
a perdu de son potentiel vertueux au fil des siècles, elle
n'en ai pas moins toujours parfumée à la rose, l'une
des spécialités de Provins.
L'eau de rose viendrait il de Provins ? C'est
possible, un parfum qui était jadis une eau servant
à soigner les maladies, c'est une belle histoire je
trouve. Hélas, par manque de temps et parce que
c'était à nouveau payant, nous n'avons pas pu visiter
la roseraie de Provins située non loin de la Porte
de Jouy. C'est fort dommage mais nous nous somme
rattrapés (enfin surtout moi) sur le cimetière municipal
à l'extérieur des remparts, je voulais voir ce carré
militaire pour penser à tous ces hommes morts pour
la France, qu'ils soient de chez nous ou d'ailleurs.
Un lieu quelque peu chargé qui me fît songer
à une autre histoire.
En parlant d'Histoire, nous avons loupé la
maison du bourreau, un édifice forcément
intrigant de par son nom, l'un des occupants
de la batisse se nommait Cyr Sanson, et oui
il s'agit du bourreau ayant exécuté Louis VI
sous la guillotine, rien de fantastique mais un
je ne sais quoi d'inquiétant quand même.
On m'a raconté que non loin de Provins se trouvait
une maison qui mettrait mal à l'aise, rien qu'en la
regardant. Pas étonnant, elle serait hantée par un
des propriétaires qui serait mort décapité dans un
ascenseur sur son lieu de travail, son fantôme
hanterait encore les murs de sa propre maison, il
ne devait pas apprécier le fait de se retrouvrer
continuellement au boulot. Cette histoire date
d'au moins trente ans, je ne sais pas si je dois
croire les personnes m'ayant raconté ce récit
(elles étaient trois), en explorant la batisse, ils
avaient eu la vision d'un spectre décapité pendant
quelques instants, chose qui n'a pas empêché
madame de dormir, pendant que les trois hommes
qui l'accompagnaient avait affaire au revenant.
Je n'ai pas eu l'occasion de voir cette maison
dont l'histoire, comme vous vous en doutez,
m'intrigue au plus haut point, mais ceci est une
autre affaire et il était temps pour nous de quitter
la cité médiéval, je pensais à ces spectacles incluant
des aigles, des machines de guerre, des chevaliers,
des danses et des concerts que nous venions de louper
par manque de temps. Nous nous éloignions
progressivement des remparts pour remonter en
voiture, à défaut de choses surnaturelles, nous avions
tout de même pu contempler de très belles choses,
qui feront ensuite de merveilleux souvenirs.